( i533 ) au grand jour et au soleil quand il paraissait, de 8 heures du matin à 5 heures du soir. Quand l’expérience cessait, les plantes n’étaient pas altérées, elles exhalaient leur odeur ordinaire; souvent plusieurs fleurs s’étaient épanouies dans l’eau. J’ai répété de telles expériences plus de dix fois cette année, au Muséum, dans le laboratoire de M. Decaisne, pendant toute la durée de la floraison du Neottia Nidus-avis, d’abord, il est vrai, par un temps couvert et pluvieux, mais enfin a trois reprises sous un soleil sans nuages, toujours cependant avec le même insuccès; jamais je n’ai pu constater le plus faible dégagement d’oxygène. La conclusion qu’il semble naturel de tirer de cetle expérience est que la chlorophylle n’existe pas dans le Neottia Nidus-avis vivant, et que, lorsque les cristalloïdes verdissent, c’est leur substance même qui se transforme en chlorophylle et non une matière étrangère mêlée à la chlorophylle déjà existante, qui se détruit et cesse démasquer cette dernière. Toutefois l’expérience ne me paraît pas absolument décisive en ce qui touche le point qui nous occupe. Il ne faut pas oublier, en effet, que, dans un végétal vert vivant, deux phénomènes inverses se produisent : d’une part, la matière verte réduit l’acide carbonique sous l’action de la lumière et dégage de l’oxygène; d’autre part, la respiration proprement dite, qui est indispensable aux végétaux aussi bien qu’aux animaux, consomme de l’oxygène. Si dans le Neottia Nidus-avis la chlorophylle existe réellement, mais en faible quantité, il n’est pas impossible qu’elle produise de l’oxygène, bien qu’il ne s’en dégage pas, et que ce gaz soit employé à mesure qu’il se forme pour les besoins de la respiration de la plante. Quoi qu’il en soit, en admettant que la matière verte existe réellement dans le Neottia Nidus-avis vivant, on n’en est pas moins forcé de reconnaître qu’elle n’y joue pas un rôle bien important. Il est impossible de lui attribuer la formation des éléments de tous les tissus et de ce riche dépôt d’amidon que contiennent les jeunes cellules au moment du développement de la hampe florale. Nous devons donc admettre que ces singuliers végétaux trouvent dans les débris des plantes au milieu desquelles ils croissent, des substances tout organisées qu’ils sont capables de s’assimiler, et qu’ainsi leur mode de vie est tout à fait analogue à celui des champignons qui ont reçu la dénomination de Saprophytes, »