( i3a8 ) du Soleil, sous la forme d’un spectre très-impur : les rayons transmis ensuite à travers le spectroscope vont former, dans le champ de la petite lunette, une image solaire très-nette et distincte, dans laquelle non-seulement le bord, mais encore les taches et les facules sont très-visibles. On voit le Soleil, en un mot, comme avec un verre coloré. Dé plus, lorsque l’image est reçue de manière qu’elle soit formée par les rayons rouges, en mettant près du bord solaire à l’extérieur la raie G de Fraünhofer, on voit la chromosphère comme une ligne brillante, détachée du disque solaire et séparée de lui par une distance égalé à la hauteur de la chromosphère; mais on peut à volonté déplacer cette ligne, selon la partie de la chromosphère qu’on observe, jusqu’au contact avec le bord solaire. Il arrivera donc que, lorsque l’astre obscur couvrira la chromosphère en des points situés dans le champ de la lunette, on verra cette ligne brillante interrompue, et l’on sera averti que l’astre approche du contact. On pourra encore suivre son mouvement en portant la fente plus près du bord, et comme on voit parfaitement le bord lui-même, on pourra apprécier très-exactement l’instant dans lequel (la ligne chromosphérique disparaissant) le bord de l’astre obscur arrivera à mordre le disque de l’astre brillant. » La vitesse considérable du mouvement lunaire fait que le temps employé par la Lune à franchir la chromosphère est très-court, en sorte que les circonstances étaient moins favorables que pour Vénus; cependant j’ai pu vérifier avec précision toutes ces particularités. Ayant dirigé le champ du spectroscope au point d’entrée de la Lune sur le bord solaire, j’ai vu nettement la ligne chromosphérique entamée, d’une manière certaine, de i r secondes avant l’entrée sur le disque. J’en ai donné avis à l’aide qui observait le chronomètre : il n’a pas noté le temps, de peur de perdre le moment du véritable contact, mais il a retenu exactement la position de l’aiguille, qui a fourni l’intervalle que je viens d’indiquer. A la vérité, j’avais déjà vu la ligne entamée quelques secondes auparavant; mais, craignant que cette interruption de la chromosphère ne fût simplement produite par ]’imperfection du mouvement d’horlogerie qui pouvait avoir déplacé la lunette, j’ai voulu attendre qu’il me fût possible de la reconnaître plus définitivement. » Après avoir donné cet avis, j’ai surveillé avec attention les phases de la vant l’objectif, atteindrait mieux encore le même but; mais je n’ai pu employer ceux que je possède, n’ayant pas de moyens pour en régler facilement la position angulaire, ce qui était indispensable dans cette circonstance.