( 1221 ) en amenant des orages qui, à cette époque de l’année, peuvent refroidir assez l’atmosphère pour attirer un désastre sur les récoltes. Les gelées blanches sévissent spécialement sur les plaines horizontales et basses, parce que celles-ci offrent toute leur surface directement au ciel, tandis que les coteaux ne présentent que laprojection de cette surface, projection réduite en raison de la pente. De plus, les plaines basses étant en général plus humide que les coteaux, il s’y joint un effet plus grand de vaporisation qui augmente l’intensité du refroidissement. » Il n’en est pas de même de la seconde espèce de gelées, celle qui frappe les hauteurs comme les plaines, et même davantage; il s’agit ici de courants polaires, provoqués par des courants équatoriaux trop actifs. Ces derniers, lorsqu’ils ont régné longtemps avec une intensité anomale, hors de proportion avec la saison, c’est-à-dire avec la hauteur du Soleil, dilatent considérablement les couches d’air de nos climats tempérés. L’équilibre se rompt lorsque cette force d’expansion s’affaiblit et devient moindre que la tension atmosphérique des latitudes élevées. L’air froid et dense des régions boréales se précipite alors, comme une masse d’eau dont la digue est rompue, au sein de notre atmosphère dilatée, et tout est saisi par un froid pénétrant, de 3 à 4 degrés au-dessous de zéro, qui atteint vignes, noyers, arbres fruitiers, légumes, seigles, toutes les plantes précoces en un mot. Comme ce courant polaire court à travers notre atmosphère, à l’instar d’un fleuve démesurément grossi, il glace les flancs des coteaux plus rudement encore que les sols bas, par-dessus lesquels il passe parfois sans y laisser de traces fâcheuses. C’est un courant polaire de ce genre qui vient de ravager la France, à la suite d’un hiver humide, attiédi par un courant équatorial. » Nous ajouterons une observation relative à la température des hivers, dont la rigueur ou la douceur nous paraissent dépendre uniquement d’une question de sécheresse ou d’humidité de l’air, lequel peut être très-sec même à l’état brumeux. D’une part, il y a un fait de rayonnement, d’autant plus prononcé que le ciel est plus pur, plus dégagé, et qui peut être atténué par l’interposition de nuages; ce qui explique pourquoi, le même jour, à des distances peu considérables, le thermomètre accuse souvent des différences de froid de plus de io degrés. D’autre part, l’atmosphère absorbant d’autant plus de chaleur solaire qu’elle est plus humide, il est naturel que les hivers très-froids coïncident avec une extrême sécheresse de l’air, comme on l’a vu en 1870 et 1871. Ainsi, plus l’air est sec et pur, moins il absorbe de chaleur solaire et plus il se refroidit par rayonnement. Dans