» ( I I 20 Mais comment ces résultats doivent-ils être interprétés? Quels sont les phénomènes qui se produisent quand une plante, arrosée avec le sel, retient le chlore, tandis que la soude n’est pas absorbée? La question est complexe et les éléments pour la résoudre sont bien insuffisants. Ce n’est donc qu’avec beaucoup de réserve qu’on peut hasarder quelques hypothèses. » Au point de vue purement chimique, il faudrait d’abord savoir dans quel état se trouvent les différents éléments solubles qu’on met en contact avec un liquide qui les dissout : ainsi de l’eau salée rencontre dans la terre des sels solubles de potasse, de chaux, de magnésie, avec lesquels elle se trouve mélangée, et qui donnent lieu à des décompositions dont la constatation par des procédés directs nous échappe absolument; néanmoins, dans l’expérience faite avec le chlorure de sodium, il est permis de supposer qu’en présence du sulfate de chaux il se fait du sulfate de soude que la plante délaisse et du chlorure de calcium qu’elle absorbe. Rien ne prouve, jusqu’à ]présent, que le chlorure de calcium ne joue pas un rôle utile dans la production végétale, au moins dans les conditions un peu exceptionnelles que présente un terrain riche en sel marin et néanmoins propre à fournir des récoltes. Je dois rappeler d’ailleurs que l’existence du chlorure de calcium dans les sols salés et calcaires a été démontrée récemment d’une manière très-nette par M. Schloesing, dans des expériences instituées dans une direction toute différente (i). » Cette manière d’expliquer les faits observés ne repose que sur des faits purement chimiques : peut-être conviendrait-il de faire intervenir d’autres éléments, tels que la décomposition possible du calcaire sous l’influence simultanée du sel marin et des radicelles de la plante, la formation lente et incessante des azotates dans une terre calcaire et peu salée, etc.; mais pour aborder utilement la solution expérimentale de ces questions complexes et difficiles, il faudrait suivre et étudier la production des végétaux dans des terrains artificiels, parfaitement connus et titrés : ces recherches seraient longues et dispendieuses, et je ne suis pas en mesure de les entreprendre. » En dehors des expériences qui font l’objet de ce travail, j’en ai fait d’autres en même temps dans les mêmes conditions sur la betterave, plante qui possède la faculté d’emprunter le sel marin au sol ou aux engrais. Je demanderai à l’Académie la permission de les lui soumettre dans une prochaine séance. » (!) Comptes rendus, t. LXXIII, p. !326.