( 96/» ) des unions croisées a été considéré par beaucoup de naturalistes comme le seul critérium de la valeur réelle des groupes génériques ou spécifiques. Il est vrai que les phénomènes bien connus d’infécondité, de retour et de postérité limitée, semblent a priori être l’effet naturel de la distance proportionnelle des êtres entre eux, telle que nos classifications s’efforcent de la représenter, mais cette donnée théorique ne dispense pas de réclamer de l’expérimentateur des preuves d’autant plus nécessaires, que !’ensemble des Invertébrés est resté jusqu’à ce jour pour ainsi dire hors de cause et comme inaccessible à cet ordre de recherches. L’hybridation n’existerait-elle pas pour ces êtres chez qui l’acte reproducteur dépend le plus souvent de la rencontre fortuitedes deux éléments sexuels ?Ce phénomène, justement parce qu il consacre une déviation aux lois ordinaires, nécessite sans doute entre les deux espèces parentes un certain degré d’affinité organique qui les dispose à se rechercher ; mais se manifeste-t-il également parmi des animaux destinés par leur mode de fécondation à demeurer dans l’isolement et dont les fils ne dérivent qu’indirectement des produits maternels? En d’autres termes, pouvons-nous supposer d’avance que les différences physiologiques, exprimées par les faits de génération alternante, soient de nature à établir, entre deux espèces congénères d’invertébrés, une barrière plus infranchissable que celle qui sépare deux types voisins choisis parmi les animaux supérieurs? Il est impossible de répondre à une question ainsi posée, faute d’observations catégoriques. » Je crois donc devoir exposer brièvement les résultats que j’ai obtenus, en expérimentant dans ce sens sur les Rayonnés du groupe des Échinides réguliers, si bien représenté dans le golfe de Marseille par diverses formes de l’ancien genre Echinus. L’espèce la plus connue, recherchée pour la consommation, le Toxopneustes lividus, doit être considérée comme essen- tiellement littorale. Fréquente déjà dans les petites anses éloignées de la ville, elle abonde surtout dans les prairies de Zostères par 5, 6 et 7 brasses, sans jamais s’égarer sur les graviers ou dans la vase. On recueille cependant vers lés régions herbeuses plus profondes, jusqu’à 18 brasses, quelques rares individus de petite taille, associés aux Psammechinus pulcliellus qui apparaissent dans ces mêmes prairies par xo brasses de profondeur. Ces deux espèces possèdent donc, avec des aptitudes un peu différentes, des stations bien distinctes de celles fréquentées par les brèvi- spinosus, qui ne s’engagent qu’exceptionnellement au milieu des Posidonies, tout en étant très-nombreux sur le pourtour de ces massifs, dans les débris végétaux décomposés qui jonchent les fonds sablonneux. Ce n’est enfin