( 598 ) coup d’oeil le jeu de cette étrange activité du Soleil, se développant partout, d’un pôle à l’autre, mais non aux pôles mêmes. En chacun de ses points, la chromosphère émet des langues de feu ; elle en est hérissée. Du sein de cette éruption universelle s’élancent, jusqu’à des hauteurs de plus de io.poo et de 20000 lieues, les grandes flammes hydrogénées qu’on voit retomber ensuite lentement, en mille formes capricieuses, sur la mer d’hydrogène incandescent. » Je me hâtai de placer ces dessins sous les yeux de l’Académie, et je lui signalai en même temps une circonstance étrange dont j’avais été frappé• tout d’abord (1). Que devient cet hydrogène incessamment projeté hors de la chromosphère, mais qui lui revient incessamment en retombant sur elle de toutes parts ? Le seul aspect de ces effusions énormes qui jaillissent;du Soleil de tous côtés montre que leur masse est une fraction très-sensible de celle de la couche elle-même d’où elles sortent. Dès lors l’épaisseur de cette couche devrait en peu de temps doubler, tripler, quadrupler par 1 afflux de ces continuelles éruptions. Or cette épaisseur reste toujours la même, telle qu’on l’a vue pour la première fois il y a trente ans, telle qu on la voit et qu’on la mesure chaque jour depuis quatre ans. Il faut donc que l’hydrogène ainsi émis sans cesse trouve le moyen de rentrer sans cesse dans le Soleil pour en ressortir de nouveau. » A cette époque où l’on ne parlait que d’éruptions, où il n’était question que de courants ascendants, je ne voyais aucun moyen mécanique valable pour faire rentrer cet hydrogène. Par moments je me demandais, en voyant les matières incandescentes de la photosphère baignées en dessus par une mer d’hydrogene, si les métaux dont ces poussières solides sont formées ne pourraient pas, en se refroidissant, absorber une part de cet hydrogène, puis, en tombant vers l’intérieur de plus en plus chaud, abandonner ce gaz que sa légèreté spécifique ramènerait aussitôt à la surface. La gravité solaire est telle qu’en tenant compte de la grande légèreté de 1 hydrogéné la vitesse accélérée de l’ascension pourrait répondre à celle de ces éruptions dont M. Respighi nous mettait le tableau journalier sous lès yeux. Mais déjà à la température superficielle du Soleil, si vaguement qu’on se la représente encore, cette dissolution de l’hydrogène dans certains métaux (le fer, par exemple) est peu probable : j’aurais mieux aimé une action mécanique; . (1) Sur l’observation spectrale des protubérances solaires d’après les travaux de M. Iics-pighi. {Comptes rendus,:t. LXX, p. 888; 1870.) ׳ >*