( 58o ) > moment se brisa avec une forte explosion; l’appareil fut arraché de ses supports et projeté par un violent recul. » Je n’ai pas besoin de dire que l’animal fut instantanément tué; ses vaisseaux étaient, comme à l’habitude, remplis de gaz; mais pour la première fois je trouvai des gaz dans la cavité du ventre, qui en était gonflé, avec un emphysème général du tissu cellulaire sous-cutané et intra-musculaire. Ainsi les gaz qui doivent redevenir libres peuvent s’emmagasiner non-seulement dans le sang, mais dans les autres sucs de l’économie; si je ne les avais pas vus jusqu’ici, c’est que la décompression n’avait pas été suffisamment brusque, ou que les animaux n’étaient pas restés assez longtemps sous pression. Dans tous les cas, les horribles démangeaisons que les ouvriers des tubes désignent sous le nom de puces, les gonflements musculaires qu’ils appellent mouton, me paraissent devoir être rapportés à une légère infiltration gazeuse du tissu cellulaire. » Je regrette d’autant plus l’interruption de mes travaux, que j’étudiais précisément les moyens de prévenir les accidents de la décompression et d’en conjurer les redoutables conséquences. Bien que mes résultats soient encore incomplets, je crois qu’ils présentent déjà une utilité pratique qui m’impose le devoir de les faire connaître dès aujourd’hui. » Comment prévenir les accidents ? Évidemment par une décompression prudente et mesurée. Lorsqu’on arrive à 9 ou 10 atmosphères, il faut, pour mettre l’animal à l’abri de tout danger, que la décompression marche avec une lenteur d’au moins 12 minutes par atmosphère. Il m’a semblé trouver quelque avantage à ne pas décomprimer très-régulièrement, mais à procéder par chutes brusques de 1 à 2 atmosphères, en laissant l’animal pendant un certain temps à l’équilibre : on gagnerait ainsi quelques minutes au total. » Les accidents survenus, la paralysie commençante, la mort imminente, peut-on conjurer ce formidable danger, et comment? La première idée qui s’est présentée à moi a été de recomprimer l’animal, afin de redissoudre les gaz devenus libres; il aurait ensuite suffi de le décomprimer plus prudemment. Je crois l’idée bonne, mais mes appareils ne m’ont pas permis de laréaliser : il me fallait une heure pour remonter à 10 atmosphères, etl’ani-mal était mort avant. Je pense cependant qu’il y a là un procédé utilisable, surtout chez les plongeurs, qu’on peut instantanément redescendre dans les profondeurs de la mer. » Désarmé de ce côté, j’ai dû chercher autre chose. Pourquoi la mort arrive-t-elle? Parce que les bulles d’azote s’emmagasinent dans le cœur