( 383 ) de deux trous, l’un sur la face externe, l’autre sur la face inférieure, a l’aide desquels la grenouille de jade était suspendue au cou. Deux petits renflements simulent les yeux de l’animal, deux traits obliques circonscrivent ce qui répond aux membres postérieurs, et une saillie ovale dessine les contours de la région lombaire. J’ai dit que ce bijou était d’origine caraïbe. Cette appréciation, que suggèrent les comparaisons ethnographiques, trouve sa confirmation dans les textes des vieux auteurs qui ont écrit sur l’Histoire naturelle des Antilles. Rochefort, Du Tertre, etc., parlent, en effet, du goût des habitants primitifs de cet archipel pour certaines pierres vertes et rouges et ce dernier raconte même (i), à propos de ces pierres, qu’il dit venir de la Terre-Ferme, qu’il en a vu de diverses figures et, en particulier, « une qui avait la forme d’une » grenouillé ». Entre autres propriétés dont jouissaient ces pierres travaillées « pendues au col », elles devaient empecher de tomber du haut mal, soulager les femmes « en travail d’enfant », etc., etc. )> La rencontre d’une semblable amulette, taillée suivant la forme spéciale indiquée par le vieil historien des Antilles, et suspendue au cou de 1 un des sujets enfouis dans les tufs pélagiques du, Port־du־Moule me semble bien prouver, d’une manière irrécusable, que ces squelettes appartiennent a Y époque caraïbe, ainsi qu’Ernouf l’avait supposé. )) On peut donc maintenant limiter l’âge des anthropolithes, dont Kœnig, Cuvier, etc., s’étaient occupés, entre la première apparition des Caraïbes à la Guadeloupe et l’époque où Rochefort, du Tertre, etc., décrivaient ces anciens habitants des petites Antilles aujourd hui presque complètement disparus. » On remarquera, en terminant, que c’est sous le nom de Galibis que nos compatriotes désignaient, en i8o5, les squelettes que 1 on extrayait du Port-du-Moule. Or les Galibis sont les Caraïbes continentaux et c’est d'eux, suivant la tradition la plus accréditée, que descendent les peuples qui ont, les premiers, habité les petites Antilles (2). » (1) R. P. Du Tertre,' Hist. gén. des Antilles habitées par les Français, t. II, p. 7^5 1667, in~4°. . (2) Rochefort, Hist, mor. des îles Antilles de VAmérique, Lyon, 1667 ; in-12, p. i52.— Du Tertre, op, ait., p. 36!. - Dauxiok-Lavaysse, Гоу. aux îles de Trinidad, de Ta-bago9 etc. Paris, 1812; in-80, p. 287, etc.