» (56) Quant au système dentaire, il n’y a aucune différence nettement sai-sissable entre les diverses espèces du genre Equus, actuellement vivantes. Ni par la forme, ni par le volume, ni par rien autre, on ne saurait distinguer sûrement une dent molaire d’âne d’une dent molaire de cheval. Le. nombre et les dispositions des plis de l’émail, par exemple, sont absolument semblables. Dans les incisives, le cornet dentaire est généralement plus profond chez l’âne que chez le cheval ; mais il l’est souvent autant chez celui-ci. Ce n’est donc point là un caractère distinctif certain. J’ai sous les yeux, dans ma collection particulière, un crâne de E. A. européens (variété du Poitou) et un crâne de E. C.frisius (le plus grand et le plus volumineux de tous les chevaux connus). Dans tous les deux, la largeur de la surface externe de la quatrième molaire supérieure, la moins volumineuse des six de la rangée, est également de z5millimètres. Cette largeur est exactement aussi dè 25 millimètres sur trois molaires semblables, dont deux encore vierges, provenant de la caverne de Loubeau, située près 'de la ville de Melle (Deux-Sèvres). » En attribuant à un Equus cabnlus toute dent d’Équidé fossile, on s’expose donc à commettre de fréquentes erreurs de diagnose spécifique. Pour des raisons que je me propose de développer ultérieurement, et qui sont d’un autre ordre, je suis porté à penser que ces erreurs se sont reproduites toutes les fois qu’il s’est agi des ossements trouvés dans le sol des cavernes situées, chez nous, au-dessous de la Loire. Tous les explorateurs y ont signalé l’existence d’un Equus cabalus. Toutes les probabilités sont cependant pour E. A. europœus, qui vit et prospère encore aujourd’hui dans nos régions méridionales. Mais mon but n’est pas d’insister présentement là-des-sus : je m’en tiens à montrer que les déterminations admises ne sont fondées sur rien de précis. » Pour ce qui concerne les os des membres, les paléontologistes avec lesquels j’ai pu discuter le sujet m’ont paru n’avoir pas d’autre base de distinction que celle tirée des dimensions. Ils sont convaincus que les os d’âne sont toujours moins longs et moins volumineux que ceux des plus petits chevaux connus. Pour chacune des espèces chevalines, la taille et le volume des individus varient dans d’énormes proportions. Entre la variété du littoral de notre Bretagne et celle des îles Schetland, qui sont de la même espèce, il y a par exemple des différences plus grandes que du simple au double. On pourrait énumérer mi grand nombre de faits semblables. Il suffira, pour montrer que les dimensions dont il s’agit n’ont aucune valeur caractéristique, de faire voir que les proportions des os longs de notre