« ( *3 ) Dans la vallée du Gange, le salpêtre de houssage9 effleuri à la surface du limon déposé périodiquement par le fleuve, est ramassé à côté de riches cultures de tabac, d’indigo, de maïs. » Sans doute !,association d’éléments minéraux et organiques n’est pas la condition unique de la formation des nitrates; les inépuisables gisements du nitrate de soude au Pérou, comparables, par leur masse, aux gisements de sel marin, ont une tout autre origine. Enfin l’océan aérien doit être considéré comme une immense nitrière, en ce sens que, toutes les fois qu’un éclair apparaît dans son sein, fl y a une formation de nitrate, de nitrite d’ammoniaque. Cette union directe de l’azote gazeux avec l’oxygène et l’un des éléments de l’eau est un phénomène considérable de la Physique du globe, sur lequel j’ai souvent insisté; néanmoins je demande à l’Académie la permission de reproduire ici les arguments par lesquels j’ai cherché à en faire saisir l’importance. )> En effet, en ne tenant pas compte de ce qui se passe en dehors des tropiques; en se bornant à considérer la zone terrestre équatoriale, on arrive à cette conclusion que, pendant l’année entière, tous les jours, à tous les instants, l’atmosphère est incessamment sillonnée par des déflagrations électriques, à ce point qu’un observateur placé sous l’équateur, s’il était doué d’un organe assez délicat, y entendrait continuellement le bruit du tonnerre. C’est que, pour un lieu situé dans la région intertropicale, la saison des orages dépend de la position que le Soleil occupe dans l’écliptique; elle se manifeste deux fois par an, alors que l’astre est dans la proximité du zénith, c’est-à-dire lorsque la déclinaison du Soleil est égale à la latitude et de même dénomination. » C’est donc à un phénomène électrique qu’il convient d’attribuer la présence des composés nitrés, de l’ammoniaque que l’on constate dans la pluie, dans la neige, dans la grêle, dans les brouillards, composés éminemment fertilisants amenés sur la terre par cès météores aqueux. » Dans la nitrification de la terre végétale, dans les matériaux d’une nitrière artificielle, tout tend à faire présumer que l’acide nitrique est surtout développé aux dépens de l’azote des substances organiques. Les sal-pêtriers ont d’ailleurs reconnu, depuis longtemps, que le sang, l’urine, les détritus des animaux favorisent singulièrement la production du nitre. C’est sur cette donnée pratique que les anciens chimistes basèrent leur opinion sur l’utilité des matières animales introduites dans une nitrière : opinion adoptée par Lavoisier, et que, plus tard, Gay-Lussac dé-, fendit, lorsqu'elle fut attaquée en invoquant des observations inexactes ou